À propos du «Totalitarisme pervers». Entretien avec Alain Deneault par Fabien Lebrun dans la Revue Illusio n° 20 – 2023 – Totalitaire. Voici un extrait:
« […] La force des multinationales repose donc sur leur capacité à exister de chaque côté des frontières à travers des entités telles que des filiales qui sont indépendantes les unes des autres en droit. Elles peuvent ainsi s’adresser des factures, se prêter des fonds voire se poursuivent en justice artificiellement lorsqu’elles sont téléguidées d’assez loin. Pour le dire autrement, la multinationale n’existe pas en droit, elle ne constitue pas un sujet de droit. N’existent de ce point de vue que les centaines de composantes qui constituent le groupe de la multinationale de manière indépendante, selon le droit de chaque pays. Et les multinationales qui se targuent tellement de respecter la loi le font dans la mesure où telle filiale enregistrée dans tel pays respecte la loi dudit État tandis qu’une autre se conforme à une autre législation où elle est ailleurs enregistrée. Cela donne évidemment le loisir pour les multinationales d’inscrire leurs activités en fonction du degré de clémence des États qui les accueillent : pratiquer l’évitement fiscal en Suisse ou aux Bermudes, extraire un pétrole polluant en Alberta, exploiter de force des travailleurs via un partenaire au Myanmar, coloniser un pays entier au Gabon ou au Congo-Brazzaville, polluer massivement le Delta du Niger, profiter d’une situation de quasimonopole en situation de boycottage international en Afrique du Sud, jouir des bénéfices d’une intervention militaire franco-britannique en Lybie… » – Alain Deneault